lundi 27 septembre 2010

The Beat Club Sessions DVD 2 & CD (2010)


DVD 2: The Beat Club Sessions


Beat Club était un programme de la Télévision allemande qui a duré du 25 septembre 1965 au 9 décembre 1972.
Rory y participera à plusieurs reprises, la première fois étant avec Taste. Malheureusement les prestations du groupe ne sont pas présentent sur ce DVD.

Rory s'est produit à trois reprises dans l'émission de 1971 à 1972:

 Beat Club N°67 – 15 mai 1971 :

1.Laundromat > Beat Club 67 - Déjà paru officiellement
2.Hands Up > BC 67 - inédit
3.Sinnerboy > BC 67 - Déjà paru officiellement
4.Just The Smile > BC 67 – inédit

Beat Club N° 74 – 26 décembre 1971

5.Used To Be > BC 74 - Déjà paru officiellement
6.In Your Town > BC 74 ) Déjà paru officiellement
7.Should’ve Learned My Lesson > BC 74 – inédit
8.Crest Of A Wave > BC 74 – Inédit

Beat Club N°79 – 11 juin 1972

9.Tore Down > BC 79 - inédit
10.Pistol Slapper Blues BC 79 > Déjà paru officiellement
11.I Don’t Know Where I’m Going > BC 79 - inédit
12.Going To My Hometown > BC 79 - inédit officiellement
13.I Could’ve Had Religion > BC 79 - inédit
14.McAvoy Boogie > BC 79 - inédit
15.Hoodoo Man > BC 79 - inédit
16.Messin’ With The Kid > BC 79 - inédit

La tracklist du DVD se présentant comme ceci:

1.Laundromat
2.Hands Up
3.Sinnerboy
4.Just The Smile
5.Used To Be
6.In Your Town
7.Should’ve Learned My Lesson
8.Crest Of A Wave
9.Tore Down
10.Pistol Slapper Blues
11.I Don’t Know Where I’m Going
12.Going To My Hometown(Song for/about Cork)
13.I Could’ve Had Religion
14.McAvoy Boogie (?)
15.Hoodoo Man
16.Messin’ With The Kid


Lors de la première émission c'est un tout récent Rory Gallagher Band qui se présente, composé de Rory Gallagher (Chant/Lead Guitar), Gerry McAvoy (Basse), Wilgar Campbell (batterie). La formation a en effet quelques mois d'existence et vient tout juste de sortir son premier album. Les titres qu'elle délivre sont tous issu du premier opus.

Laundromat et Hands Up sont interprétés dans d'excellentes versions où l'on sent encore le fantôme de Taste. Rory est aventureux dans ses solos comme lorsqu'il officiait au sein du fameux power trio, à la seule différence où la section rythmique ne tente à aucun moment de rivaliser de concert avec le guitariste.  La basse et la batterie jouant seulement leur rôle d'assise rythmique.





Si Sinner Boy dont la version présente dans cette émission est fidèle à la version studio et semble connu d'un grand nombre de fans, l'inédit que constitue l'interprétation de Just a Smile est tout bonnement jouissif à voir et à entendre. Ponctuant son interprétation de traits de slide inspirés, Rory livre là une version personnelle à cent lieues de la version studio et sans aucun doute la version définitive de ce titre (en attendant, on l'espère de futures parutions de ce titre dans le catalogue officiel).


La seconde émission quant à elle, est placée sous le signe de l'album Deuce. L'album étant fraîchement sorti, c'est tout naturel que la setlist de cette émission soit composée de morceau issu de cet album.
Si Used To Be et Crest of a Wave sont délivrés dans des versions convaincantes, sur In Your Town le groupe présente là une des meilleures interprétations live, qui n'a absolument rien a envier à la version choisie pour figurer sur le Live in Europe quelques mois plus tard. Should've Learn My Lesson quant à lui transcende littéralement la version studio qui fait pâle figure en comparaison.





La troisième et dernière émission auquel participera Rory pourrait être perçu comme une émission promotionnelle du Live in Europe, tant son contenu y ressemble par bien des aspects.
Toutefois cette 3ème édition prend des allures de jam session que n'avaient pas les éditions précédentes. Comme le montre la fiévreuse interprétation du Blues de Freddy King, Toredown, et les versions de Could've Had Religion, Hoodoo Man et le McAvoy Boogie. Ce dernier étant pour le coup une véritable jam improvisée.


Au final ce second DVD se révèle comme étant l'argument numéro 1 quant à l'acquisition de ce double DVD.


Sorti simultanément que le double DVD, cet album Live retrace en partie les prestations du Rory Gallagher Band présentent dans le DVD. En étant toutefois délesté de certains titres et muni d'une tracklist légèrement différente au niveau de l'ordre des titres et du contenu.

Tracklist du CD:

1. Laundromat
2. Hands Up
3. Sinnerboy
4. Just The Smile
5. I Don't Know Where I'm Going
6. I Could've Had Religion
7. Used To Be
8. In Your Town
9. Should've Learned My Lesson
10. Crest Of A Wave
11. Toredown
12. Messin With The Kid







Ghost Blues: The Story of Rory Gallagher DVD 1 (2010)

En ce mois de septembre, l'actualité gallagherienne est illuminée par la sortie le 13 septembre 2010 d'un double DVD contenant le documentaire Ghost Blues, et l'ensemble des prestations du Rory Gallagher Band dans l'émission musicale allemande Beat Club de 1971 et 1972.



DVD 1: Ghost Blues (The Story of Rory Gallagher)


Diffusé initialement sur la chaine irlandaise RTE en juin dernier pour commémorer les 15 ans de la disparition de Rory Gallagher. Ghost Blues du réalisateur Ian Thuillier (réalisateur, producteur et photographe irlandais) se veut plus comme un hommage que comme un véritable document de référence sur l'oeuvre du guitariste.
On a bien sûr l'évocation de ses débuts dans ses premiers groupes (Fontana et Impact Showband), l'aventure Taste et ses différents line up solo sont évidemment évoqués.Les relations qu'il entretenait avec le music business et l'intransigeance à l'égard de ce dernier semble être le principal fil conducteur de ce documentaire.



L'intérêt principal de Ghost Blues outre les quelques photos et images d'archives exhumées, réside dans le témoignage de ceux qui l'ont connu et côtoyé: Donal Gallagher (Manager et frère de Rory), Cameron Crowe (réalisateur et ancien Rock Critic), The Edge (guitariste de U2), Ronnie Drew (Chanteur des Dubliners), Bill Wyman (ancien bassiste des Rolling Stones)...
Tous livrent des anecdotes personnelles et leur vision de l'homme, du musicien et de l'artiste.



Toutefois Ghost Blues n'est pas le documentaire définitif sur Rory Gallagher, au mieux une bonne introduction dans l'univers de l'artiste.
Il est par exemple regrettable que sa discographie ne soit pas un minimum décortiquée et analysée. Pire même, je pense que si l'on ne connait absolument rien à sa discographie et aux différentes périodes et line up, il sera difficile de faire le lien par moment avec ce qui est proposé dans le documentaire. On regrettera aussi la place prise par certaines anecdotes un peu envahissantes de la part de certains intervenants (ex: Johnny Marr).


Au final, un documentaire hommage plus qu'une analyse pertinente de la vie et de l'œuvre de ce musicien de génie. Pour un éclairage plus complet sur la vie de Rory Gallagher, je vous renvoie au livre (que je chroniquerai plus tard) de Jean Noël Coghe "Rory Gallagher: Rock n' Road Blues", réédité au format poche en avril 2010.

lundi 20 septembre 2010

Rory Gallagher - Live In Europe (1972)



1. Messin' With the Kid - 6'25
2. Laundromat - 5'12
3. I Could've Had Religion - 8'35
4. Pistol Slapper Blues - 2'54
5. Going to My Hometown - 5'46
6. In Your Town - 10'03
7. Bullfrog Blues - 6'47

Bonus tracks de la réédition de 1999

1. What in the World - 7'40
2. Hoodoo Man - 6'02

Beaucoup estime que l'essence même de la musique de Rory Gallagher se trouve sur scène. A l'écoute du Live in Europe, enregistré durant la tournée européenne ayant suivit la sortie de l'excellent Deuce, (elle s'étala de février à mars 1972) on ne peut que leur donner raison.
Peut être moins connu car plus Blues que Irish Tour '74 ou Stage Struck, In Europe n'en demeure pas moins celui des trois qui capte le mieux la musique de Gallagher dans ce qu'elle a de plus brut.


D'emblée ce qui frappe sur ce live, c'est de voir la part belle qui a été faite aux reprises. Sur les sept titres de la version originale, seul deux sont issus des albums studio du guitariste. Quant aux reprises elles sont suffisamment transformées pour paraître comme étant ses propres compositions. Rory est l'un des rares guitaristes de sa génération à être capable de proposer sa version de grands standards Blues.

Ce que montre la version sous amphétamine du titre du bluesman harmoniciste Junior Wells - Messin' With The Kid. Avec un riff d'intro résolument plus Rock que la version dont elle s'inspire. Rory grave là, un de ses plus beaux solos et par la même occasion l'une des meilleures reprises de ce titre.

Laundromat est un titre qui a fait son petit bonhomme de chemin, depuis sa parution sur le premier album studio de l'irlandais, le groupe n'aura de cesse de le jouer pendant un an. La version retenue sur ce live montre le cohésion du groupe... plus concise, là où certaines versions montre un Rory plus aventureux dans ses solos. Cette dernière n'en demeure pas moins jouissive et probablement une des versions définitives de ce titre.


I Could've Had Religion est un air traditionnel que Rory a fait sien. Il exprime pendant près de dix minutes une longue complainte Blues soutenu par des traits d'harmonica dylannien. Pour la petite histoire, Bob Dylan hésitera un moment à reprendre ce titre mais estimera la version de Rory comme définitive.

Comme bien des guitaristes de sa génération, Rory éprouve une réelle passion pour les racines de la musique américaine et plus particulièrement le Blues rural des années 1920/1930. Mais ce qui le différencie de ses nombreux contemporains c'est qu'il ne se contente pas des standards éculés. En véritable passionné, il dépoussière de vieux titres de bluesmen plus obscurs. A l'instar du titre Pistol Slapper Blues du bluesman Blind Boy Fuller repris ici sous une forme acoustique totalement inédite, montrant toute son habilité au picking du Piedmont Blues.

Unique composition de Gallagher qui ne figure sous aucune forme studio. Il est vrai que l'atmosphère Live est pour beaucoup dans la réussite de Going To My Hometown. Un titre audacieux interprété à la mandoline avec le groupe. C'est exactement le genre de titre que l'on s'attend à entendre dans tous les pubs des vieux ports des côtes d'Irlande. La version présente sur In Europe si elle est parfaitement interprétée n'en demeure pas pour autant la version définitive. Lors des tournées qui suivront (avec notamment l'insertion du clavier de Lou Martin) ce titre prendra une dimension populaire et fédératrice avec un public chantant quasi systématiquement les paroles.




In Your Town, le morceau de bravoure à la slide guitar de l'album Deuce est livré dans une de ses meilleures versions live. Elle montre aussi le peu de temps qu'il a fallu à la formation pour l'intégrer parfaitement dans la setlist (Deuce est sorti en novembre 1971).

L'édition originale de Live In Europe se conclue de la plus fiévreuse des façons. Avec le traditionnel Bullfrog Blues (que l'on attribue généralement au bluesman William Harris et dont Canned Heat avait fait une reprise en bon puriste quelques années plus tôt).
C'est un boogie fiévreux de bout en bout où Rory en grand virtuose de la slide est plus bavard que jamais. C'est aussi l'occasion d'entendre Gerry Mc Avoy (basse) et Wilgar Campbell (batterie) le temps de solos respectif.

La réedition de 1999 voit l'intégration des deux airs traditionnels, What In the World et Hoodoo Man. Deux complaintes Blues qui s'étirent en longueur, placées entre In Your Town et Bullfrog Blues. Elles ont plutôt tendance malgré leurs qualités évidentes à briser le rythme frénétique instauré dans la deuxième partie du live.

Quelques temps après la sortie de Live In Europe, Rory sera élu meilleur guitariste de l'année 1972 par un sondage paru dans le magazine Melody Maker. Une soudaine renommée qui est sans conteste à mettre au crédit du succès populaire de In Europe.







dimanche 19 septembre 2010

Deuce (1971)

Rory Gallagher part II


1. I'm Not Awake Yet - 5'24
2. Used to Be - 5'06
3. Don't Know Where I'm Going - 2'42
4. Maybe I Will - 4'15
5. Whole Lot of People - 4'57
6. In Your Town - 5'47
7. Should've Learnt My Lesson - 3'36
8. There's a Light - 5'59
9. Out of My Mind - 3'05
10. Crest of a Wave - 6'00

Bonus Track de la réedition de 1999:

11.Persuasion - 4'42

1971 est une année charnière et particulièrement prolifique pour Rory Gallagher. Après avoir bouclé un album éponyme de haute volée, la formation retourne en studio fin 71 pour donner naissance à son successeur - Deuce.
Souvent considéré comme l'autre face de l'album éponyme, Deuce s'en démarque toutefois par une plus grande cohérence au niveau des différents styles abordés. L'acoustique et la slide sortent largement du lot comme l'atteste le titre d'ouverture.

De gauche à droite: Rory Gallagher/Wilgar Campbell/Gerry McAvoy
I'm not awake yet qui ouvre l'album montre le chemin parcouru par Rory en l'espace de deux ans. Là où chez Taste son talent à l'acoustique en était encore à ses balbutiements. Sur ce titre il propose son œuvre acoustique la plus ambitieuse mais aussi la plus aboutie. Cet enchevêtrement de guitares et la façon dont ces dernières sont orchestrées rendra malheureusement ce titre quasi inexploitable sur scène. Ce qui est d'autant plus d'hommage puisque le morceau comptait parmi les préférés de Rory:
"Je ne changerai pas certains des titres, mais il se trouve que I'm Not Awake Yet est un de mes favoris. C'est un thème inhabituel, parce que c'était la chose la plus proche d'un morceau de guitare celtique avec une 12 cordes. L'idée même était, pas vraiment comme un voyage astral mais bien souvent quand tu peux contrôler ce moment où tu es dans un état de rêve semi conscient. C'était cette idée là."

La violente décharge Rock qu'est Used to be, elle, rentre dans un registre plus habituel. Ouvrant initialement l'édition originale de 1971, c'est un titre déjà bien rôdé par le groupe pendant la tournée ayant suivie la sortie du premier album. Mais il ne survivra pas face à l'apparition des autres standards rock qui suivront. On peut pourtant retenir que les versions les plus mémorables figurent sur le BBC Sessions de 1999 et le tout récent Rory Gallagher: The Beat Club Sessions.

Don't Know Where I'm Going revient à un registre acoustique mais dans une veine Folk/Country/Blues proche des grands songsters américains et bluesmen du piedmont (Reverend Gary Davis, Missippi John Hurt...) et s'inscrit dans l'héritage des chanteurs Folk de la fin des 50's et débuts 60's. On pense notamment à Bob Dylan à l'écoute des petits traits d'harmonica de Rory.

L'influence du Merseybeat initié par les groupes de Liverpool fin 50 et début 60's (notamment par The Beatles à leur début) est notable dans la composition Maybe I Will. Rory ayant fait ses premières armes de guitariste avec des variantes de la musique américaine comme le skiffle et le merseybeat, il est fort probable qu'il ait voulu rendre hommage à l'une de ses premières influences musicales par le biais de ce titre.


Whole Lot Of People et In Your Town montre à l'instar du titre d'ouverture la maturité guitaristique acquise par Rory en l'espace de deux ans. Son jeu au bottleneck à atteint une nouvelle étape, le hissant parmi les plus grands spécialistes du genre. Si sur le premier titre la guitare slide participe à instaurer un certain climat. Sur le second il démontre toute sa maîtrise de cette technique sans pour autant tomber dans la démonstration stérile. Du grand Art !

Should've Learn My Lesson est peut être le titre le plus faible de l'album. Rory livre une compo Blues personnel mais plus proche de l'exercice de style que du déballage de tripes. Quand on sait ce qu'il est capable de faire avec les Blues de ses maitres (Muddy Waters, Otis Rush...) sur ce titre on est un peu déconcerté du résultat. Si le titre avait duré un peu plus en longueur peut être que l'étincelle serait apparue ?

There's a light est d'une autre paire de manche, poursuivant dans un registre Jazzy comme sur les précédents opus. Il a cependant remis son vieux saxophone alto au placard, ne se concentrant que sur son seul jeu de guitare ponctuant le titre de solos de guitare particulièrement inspirés.

Out of My Mind revient dans le registre acoustique dans un style Bluesgrass/Country dans la veine d'un Doc Watson. Outre une passion pour le Rock, la musique Folk et le Blues, Gallagher nourrissait une passion pour la musique Country (mais pas celle avec les violons comme il s'amusait à rappeler dans certaines interviews)
Il est clair à l'écoute de ce titre que Rory à forgé son jeu acoustique et notamment exercé sa dextérité, par le biais des grands noms du Bluegrass et de la Country.

L'album original de 1971 se terminait sur le titre Crest Of A Wave, un rock jouissif contant une partie de cartes assez surréaliste, le tout soutenu par des envolées de slide spectaculaire. Le titre fera lui aussi son petit bonhomme de chemin dans la setlist des concerts du Rory Gallagher Band, avant que ce dernier ne passe de la forme du trio au quatuor.

Bonus Track de la réedition de 1999, Persuasion a été judicieusement écarté de l'album original, tant il contraste de par sa couleur (Hard ?) Rock prononcée. On sent déjà dans ce titre le Rock aux intonations celte qui feront, neuf ans plus tard, les beaux jours d'une compo comme Bad Penny et qui ouvrira la voie au Hard Rock celtisant de Thin Lizzy.


S'il est toujours perçu comme un prolongement de Rory Gallagher (1971), Deuce n'en demeure pas moins un album unique de par sa cohérence qui cristallise sur disque l'essence même de la musique de son auteur.







mercredi 15 septembre 2010

Rory Gallagher (1971)

Un nouveau départ.


1. Laundromat (4:48)
2. Just The Smile (3:41)
3. I Fall Apart (5:12)
4. Wave Myself Goodbye (3:30)
5. Hands Up (5:25)
6. Sinner Boy (5:04)
7. For The Last Time (6:35)
8. It's You (2:38)
9. I'm Not Surprised (3:37)
10 Can't Believe It's True (7:06)

Bonus Track:

11. Gypsy Woman (4:02)
12. It Takes Time (3:34)

C'est dans la douleur et l'amertume que Rory Gallagher auto produit et enregistre son tout premier album studio. Seulement quelques mois après la séparation avec ses compères du power trio Taste, principalement pour divergence musicale, Richard McCraken (basse) et John Wilson (Batterie) souhaitant voir la formation lorgner un peu plus vers le Free Jazz, à l’inverse de Rory souhaitant revenir aux racines Blues et s’affirmer encore plus en tant que songwriter. Le clash est alors inévitable, McCraken et Wilson laisse Rory sur le carreau à la recherche d’un guitariste plus sensible à leur orientation musicale. La presse et les fans tiennent, à tort, Rory pour responsable de ce split, un fardeau et une blessure qui ne cicatrisera jamais.

Rory entreprend donc de bâtir son propre groupe avec Gerry McAvoy à la basse et Wilgar Campbell à la Batterie. Il opte pour le format trio comme pour Taste mais à la seule différence où il ne tient pas compte des velléités des deux autres musiciens. Rory tient sa barque d’une main de maître et personne ne lui dictera l’orientation qu’elle doit prendre.

Dès le premier titre Laundromat le ton est donné, le Rory Gallagher Band sera Rock. Exit les envolé Free de Taste, ici, la section rythmique est au service de la guitare. Evidemment ce nouveau standard connaîtra un franc succès en live notamment sur le Live In Europe (1972) un an plus tard.
Just The Smile est l’exemple parfait de l’éclectisme musical de l’irlandais. Ce registre Folk aux relents Celtes fait parti des pépites qui jalonneront le reste de sa discographie.
Sur I Fall Apart on retrouve un Rory à fleur de peau, d’une grande sensibilité dans le chant plombant un solo magistral dégoulinant de feeling. Les paroles ne sont pas en reste, c’est tout simplement les prémices d’un grand songwriter.
Wave Myself Goodbye est d’une autre trempe, avec le pianiste Vincent Crane (Atomic Rooster) comme invité qui ajoute une petite touche Country Honky Tonk.

Hands Up et Sinner Boy semblent être les deux seuls rescapés de la dissolution de Taste. Abondamment interprétés en concert par le trio, avec la nouvelle section rythmique du Rory Gallagher Band ces deux titres connaissent une seconde jeunesse. Sur les breaks de batterie du premier titre, Wilgar Campbell nous fait aisément oublier John Wilson. Quant au jeu au bottleneck de Rory sur le second titre il côtoie celui des plus grands spécialistes du genre.



Puis avec For The Last Time, Rory règle ses comptes en musique avec ses anciens comparses de Taste. Ils se font clairement démolir dans le texte par un Gallagher plein d’amertume (You put me down, For The Very Last Time/ Tu m’as rabaissé pour la toute dernière fois) et revanchard (I Hit The Floor, But I Got Up On The Count Of Nine/ Je touche le sol, mais je me relève au compte de neuf). Vocalement Rory fait preuve d’une grande assurance et guitaristiquement il prouve qu’il est une des plus grandes fines lames de la 6 cordes de son époque. Ses deux solos dont l’intro du deuxième en pinch harmonic sont énormes.


It’s You est une compo country à l’opposé de Wave Myself Goodbye où Rory excelle de nouveau au bottleneck dans un registre toutefois plus calme.
I’m not surprised revient quant à lui à un registre Folk acoustique souligné par les parties de piano de Vincent Crane.
L’ambiance Jazzy de I Can’t Believe It’s True rappelle inévitablement celle de Taste et de l’album On the boards sortit un an plus tôt. Rory grave ici un de ses derniers solos de saxophone, instrument qu’il remisera au profit de la guitare ou d’autres instruments sur les albums suivant.
La réédition de l’album compte deux reprises Gypsy Woman de Muddy Waters et It Takes Time de Otis Rush. Deux grandes versions qui montrent clairement que Rory est un des tous meilleurs guitariste de Blues de sa génération. C’est sûrement pour renforcer l’aspect auteur/compositeur qu’elles furent écartées de l’album.

Au final ce premier album éponyme est un essai réussi et un pied de nez magistral envers les anciens acolytes de Taste. Rory Gallagher fait preuve à seulement 23 ans d’une maturité énorme et d’une maitrise de divers genres musicaux et techniques guitaristiques incroyable pour quelqu’un de son âge.
Très grand album.







Taste - On the boards (1970)

Le swing de l'Eire.

























1."What's Going On" - 3:37
2."Railway and Gun" - 3:38
3."It's Happened Before, It'll Happen Again" - 6:33
4."If the Day was Any Longer" - 2:10
5."Morning Sun" - 2:39
6."Eat My Words" - 3:47
7."On the Boards" - 6:02
8."If I Don't Sing I'll Cry" - 2:40
9."See Here" - 3:05
10."I'll Remember" - 3:02


Second et ultime opus studio du power trio irlandais, On the Boards se démarque de son prédécesseur par ses incursions Jazz. On peut y voir là sûrement une certaine prise de pouvoir ou influence de Richard McCracken et surtout John Wilson. Même si ces derniers ne signent aucun titre sur l'album, laissant le travail de songwriting encore une fois à Rory Gallagher. Il faut aussi préciser que Rory à cette époque s'intéressait énormément au Jazz, et vouait une grande admiration aux grands souffleurs que sont John Coltrane mais surtout Ornette Coleman et Eric Dolphy. Autre moment déterminant dans la formation musicale de Rory Gallagher: sa rencontre avec Captain Beefheart en 1967. Ce dernier lui conseillera de s'éloigner de l'académisme et de multiplier les prises de risques. Quitte à jouer faux. Une approche et une philosophie de la musique qui va considérablement marquer le jeune irlandais. Et c'est sous l'impulsion de ce dernier qu'il se lancera dans l'apprentissage du saxophone. Un instrument qui sera à l'honneur sur On The Boards et que l'on retrouvera à de rares exceptions sur les premiers albums solo de Rory Gallagher. Le guitariste admettra plus tard qu'il s'est définitivement détourné de cet instrument, car il nécessite une pratique intensive quotidienne qui le détournerait trop de la guitare.


Le titre What's Going On qui ouvre l'album est un Rock solide avec un riff typiquement Gallagherien. Un grand standard qui sera abondamment joué sur scène jusqu'au split du trio. Railway and Gun est un blues assez atypique avec une rythmique en fingerpicking, le titre bascule ensuite dans un shuffle électrique pour ensuite revenir à la rythmique de départ. Its' Happened Before, It'll Happen Again est la grande surprise de l'album. Un titre Jazz audacieux où Rory met en pratique les enseignements de Captain Beefheart. A savoir prendre des risques. Si son solo de saxophone ne restera pas dans les anales. On peut saluer tout de même la capacité du musicien à proposer un enregistrement après seulement quelques mois de pratique de l'instrument. If The Day Was Any Longer marque les premiers pas de Rory Gallagher à l'harmonica. Un titre sympathique à défaut d'être mémorable. Morning Sun clot la première face avec un riff qui n'est pas sans rappeler celui du titre d'ouverture. Au passage il sera allègrement pompé par le guitariste Brian May de Queen . La face 2 s'ouvre sur Eat My Words, le premier d'une longue série de titre où le guitariste expose son jeu agressif au bottleneck. Retour ensuite au Jazz avec On The Boards avec encore une fois l'utilisation du saxophone, mais dans une veine plus contemplative. If I Don't Sing I'll Cry est un titre anecdotique pour ne pas dire médiocre, que ce soit au niveau de la musique et des paroles. Purement un titre remplissage. See Here est d'un autre niveau. Avec Hail sur le précédent opus il exposait ses talents à la guitare acoustique. Avec See Here il franchit encore une étape. Son jeu dans le domaine ne fera que s'améliorer au fil des années au points de devenir un modèle du genre. I'll Remember clot la face 2 et l'album sur un rythme jazzy.

En choisissant de s'immerger dans le Jazz la formation a accouché d'un album riche et varié. Avec quelques ratés cependant, la face 2 est un peu plus faible que la première à mon sens. Si On The Boards met un terme à la production discographique du groupe, l'aventure Taste ne s'arrête pour autant pas là. Le groupe partira ensuite en tournée aux États-Unis en première partie de Blind Faith. Et les tensions entre les membres du groupe ne feront que s'accroitre. Des tensions sur l'orientation musicale mais aussi avec le management de Eddie Kennedy qui escroquera les musiciens. Cette histoire marquera durablement Rory, le laissant sans le sou pour produire son premier LP solo et le rendra intransigeant envers toutes personnes essayant de s'immiscer entre lui et sa musique. Mais ceci est une autre histoire...






Taste (1969)

Une affaire de goût.


01. Blister On The Moon
02. Leaving Blues
03. Sugar Mama
04. Hail
05. Born On The Wrong Side Of Time
06. Dual Carriageway Pain
07. Same Old Story
08. Catfish
09. I'm Moving On

The Taste voit le jour en 1966 suite à la rencontre de Rory Gallagher et des musiciens Eric Kitteringham et Norman Damery. Comme ils partageaient les mêmes influences musicale le nom (une rumeur voudrait qu'ils aient trouvé le nom en lisant le slogan d'une marque de bière) de la formation sonna comme une évidence: "The Taste" était alors né. 
Ce premier line up fut éphémère. En effet sous l'impulsion du manager Eddie Kennedy, Rory accepta de remplacer ses deux comparses par deux musiciens chevronnés: John Wilson (un batteur à l'influence Jazz qui joua sur le second album des Them de Van Morrison) et Richard McCracken à la basse.
Et pour parachever le tout, Kennedy suggéra de raccourcir le nom de la formation en retirant le "The" qui rappelait trop les grands groupes anglais alors en vogue à l'époque tel The Kinks, The Who, The Animals etc...


Premier line up avec de gauche à droite: Eric Kitteringham, Rory Gallagher, Norman Demery.

Second line up avec de gauche à droite: Rory Gallagher, Richard McCracken, John Wilson.



Le premier album éponyme de Taste est enregistré aux studios Emerald de Belfast en août 1968 et sort en avril 1969. 

Ce premier effort s'inscrit tout naturellement dans la mouvance British Blues à ceci près où la formation se révèle plutôt progressiste dans son interprétation des standards blues. Comme le révèle l'écoute de Sugar Mama et de Catfish qui sont interprétés de manière agressive pour ne pas dire Hard. En dehors de cet aspect heavy blues les compositions comme Blister On The Moon et Same Old Story aux riffs efficaces montre un jeune Rory Gallagher très inspiré. Et n'hésitant pas aussi à expérimenter comme le montre Born On The Wrong Side Of The Time, mêlant guitare acoustique et électrique. L'unique composition un peu datée est Dual Carriageway Pain dans un style proche du Merseybeat, qui n'est peut être pas ce que l'on a forcément envie d'entendre de la part d'un power trio blues à la fin des 60's. Hail est la première d'une longue série de compositions acoustiques que nous gratifiera le guitariste irlandais tout au long de sa carrière. Originale à défaut d'être inoubliable, notamment la manière dont la guitare souligne le chant de Rory. A contrario des autres standards blues repris de manière énergique, Leaving Town la reprise de Leadbelly se veut plus posée, avec une ligne de basse hypnotique emprunté à la version de Davy Graham. L'album se clôt avec un énième standard, mais country cette fois-ci, avec I'm Moving On reprise de Hank Snow. Un titre léger qui clôt un album riche en décibel. Au final, Taste se révèle être un premier essai plutôt réussi. Évidemment si on compare avec Cream ou le Jimi Hendrix Experience la formation irlandaise a plusieurs trains de retard. Mais la musique qu'elle interprète n'est pas si datée que ça. Disons que à l'image de ce que sera la carrière solo de son leader, il y a une dualité entre tradition et progressisme. Comme il le dira des années plus tard en interview "Je suis un musicien Folk dans un monde électrique". Ce premier LP tend à confirmer cet adage gallagherien.






Let's Go To Work !!!



Il y a un peu plus d'un an, je créais mon tout premier blog The Blues are the Roots dans l'optique de faire partager ma passion pour toutes les formes de musique plus ou moins éloignées des racines Blues par le biais de chroniques d'albums et de concerts.

Parallèlement je crée ce nouveau blog consacré exclusivement à un artiste qui me touche plus particulièrement depuis que je l'ai découvert il y a une petite paire d'années de cela. L'artiste en question est Rory Gallagher véritable virtuose de la six cordes mais aussi un authentique songwriter et performer. Un artiste à part dans l'univers du Rock que l'on résume bien trop souvent au registre Blues Rock alors que son univers musical côtoyait aussi bien le Jazz, la Country ou la musique Folk.

Je reviendrai régulièrement sur la carrière de ce fantastique musicien dans des chroniques d'albums, DVD, boot audio et vidéo. Et je posterai des news concernant les sorties CD/DVD, Livres...

Let's Go To Work !!!

Rory Gallagher (1948-1995)